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La littérature Gabonaise : valorisation et accessibilité.

Cependant, lorsqu’on évoque la littérature africaine, force est de constater que la littérature gabonaise ne semble guère se situer aux premières lignes.

Bien que les contours de la notion de « Littérature » demeurent complexes à tracer (1), celle-ci renvoie à l’ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnait une finalité esthétique. La considération de ces œuvres s’effectue en fonction du pays, de l’époque, du genre retenu ou encore, du milieu au sein duquel elles s’inscrivent.

En ce sens, la littérature Gabonaise correspond à l’ensemble des productions littéraires et fictionnelles nées de la plume des Gabonais d’une part, et des personnes de nationalités autres que Gabonaises mais dont les œuvres offrent pour lieu d’intrigue le Gabon.

 

Outre cette définition spatiale et nationale, par extension, on y intègre l’ensemble des œuvres écrites et orales telles que les récits épiques de Tsira Ndong Ntoutoume ou de Nzé Nguema (2). De même que les contes de Raponda Walker et l’Encyclopédie du « Mvett » du Professeur Grégoire Biyogo.

Pendant longtemps, l’existence de la littérature gabonaise a souffert de reconnaissance. Ce qui incita une personnalité du monde littéraire africain tel que Alain Mabanckou à penser que celle ci n’existait pas, avant notamment de découvrir Charline Effah avec son roman « N’être ». Cette assertion a suscité de vives réactions de la part des experts de la littérature Gabonaise comme le professeur Sima Eyi qui ne manqua pas de préciser que : « si la littérature gabonaise n’existe pas, la littérature congolaise n’existe pas. Ce que je relève dans mon livre (3), c’est de montrer au départ que la littérature fait partie des pans culturels d’un pays. Le problème de l’identité littéraire est plus fort que cela » ; ou encore le spécialiste de littérature Brice LEVY KOUMBA qui mentionne que « au niveau matériel, dire que la littérature gabonaise n’existe pas, est une élucubration, une vue inutile de l’esprit, une chimère relevant d’un véritable
aveuglement collectif » (4).

Aujourd’hui, au regard non seulement de son histoire, mais également du nombre d’œuvres, d’auteurs et d’autrices gabonaises existant dans le pays (une centaine au moins disait Okoumba Nkoghe), l’on peut difficilement soutenir que la littérature gabonaise n’existe pas. Cependant, lorsqu’on évoque la littérature africaine, force est de constater que la littérature gabonaise ne semble guère se situer aux premières lignes. (5) En effet, le chercheur gabonais Sima Eyi note que « Par rapport, aux autres littératures d’Afrique subsaharienne francophone qui sont plus connues, la littérature gabonaise souffre encore d’un manque de visibilité et d’auteurs de renommée internationale. Et pourtant, il y a dans ce pays une vie et surtout une pratique de la littérature où les genres littéraires ont réussi à s’imposer. » (6)

Il convient de reconnaitre que le livre constitue une porte d’accès privilégiée au territoire de l’imaginaire. La lecture est une ouverture sur un monde toujours nouveau, une invitation pour chaque personne à recréer un univers sans limites, tout en développant ses propres valeurs et en définissant ses rapports avec le monde. La lecture doit accompagner l’individu à chaque étape de sa vie, afin de renouveler cette invitation à l’enrichissement personnel (7). En exprimant une vision du monde, les auteurs transmettent un point de vue unique qui renvoie à leur communauté une image de ses réalités et une expression de ses valeurs fondamentales.


Ils contribuent ainsi à susciter le dialogue, à favoriser une meilleure compréhension et un plus grand respect mutuel, et à faciliter le changement. L’œuvre littéraire constitue un moyen de communication avec le monde, elle donne accès à la diversité des réalités et des expériences culturelles, et elle dessine des ponts interculturels de façon à privilégier une plus grande harmonie entre les cultures.

Le livre constitue un miroir pour le lecteur, lui permettant d’accéder aux multiples possibilités imaginatives de son propre milieu. Chaque roman, chaque nouvelle, chaque conte, chaque poème est une invitation à interpréter un univers qui nous est suggéré, à devenir créateur à notre tour. Les auteurs arrivent à créer des lieux et des personnages fictifs qui habitent aujourd’hui notre monde parce qu’ils deviennent réels, parce qu’ils ont un sens, parce qu’ils sont vrais.


De ce fait, la littérature est un moyen d’expression essentiel d’un peuple. Elle constitue un outil pour bâtir une identité commune, pour consolider un esprit d’appartenance à une culture, ainsi que pour créer une cohésion sociale autour de valeurs partagées et de projets collectifs. C’est par ce partage des mêmes référents cultuels qu’une population développe un sentiment de fierté
collective.

Fort de ce qui précède, la valorisation et l’accessibilité de la littérature gabonaise constituent une question majeure autour de laquelle gravitent plusieurs enjeux. Elle interroge éventuellement la capacité d’un pays à relever de nombreux défis. Comment le Gabon valorise-t-il sa littérature ? Au Gabon, quel est le poids et la place de la littérature ? Où se trouvent les différents manques ? Quelles sont les pistes à envisager pour affermir la valorisation de la littérature au Gabon ?

L’éparse valorisation de la littérature gabonaise

Aujourd’hui, dans la difficile contestation de l’existence d’auteurs et/ou autrices gabonais(e) connus localement, on peut y voir le résultat d’une existence d’espaces ou d’évènements qui ont constitué les prémices d’un terreau à la promotion des œuvres littéraires gabonaises.


En novembre 2016, s’était déroulée « la Foire du livre », organisée par les Editions SBPRO, en partenariat avec l’Agence nationale de promotion artistique et culturelle (ANPAC). Cette Foire dont le thème était « Par le livre, le Gabon se livre », avait vocation à être une rencontre pour inciter les Gabonais et toutes personnes vivant au Gabon à cultiver l’amour de la lecture.


Par ailleurs, on peut retenir également quelques émissions télévisées locales comme le « livre de l’auteur » sur Gabon télévision, l’émission « Gab’Kulture » ou encore certaines ponctuelles menées lors de reportages, qui participent à une forme de promotion de la littérature gabonaise.

 

Plus récemment, du 25 au 27 mai 2022 s’est déroulée à Libreville la première édition du
Festival international du livre gabonais et des arts (FILIGA). Avec pour thème « la contribution du livre à l’éveil citoyen de la jeunesse », cet évènement a pour but de permettre aux auteurs et artistes gabonais et africains présents sur le territoire national ou à l’étranger d’avoir un espace commun d’expression autour du Livre et des arts.

 

Cependant, il reste que cette valorisation médiatique semble encore insuffisante et épisodique. Lors d’un reportage diffusé sur Gabon news infos intitulé « le cri des écrivains gabonais », l’auteur Hallnaut Engouang mentionnait : « vous passez une semaine de programme télévisé ou audio et ne pas entendre grand-chose de la littérature. Vous avez par exemple une émission qui ne passerait peut-être qu’une heure sur une semaine. C’est encore largement insuffisant. Et ce ne sont pas souvent aux heures de grandes écoutes ».


De son côté, l’écrivaine Peggy Lucie Auleley soutenait également que : « les écrivains Gabonais ne sont pas toujours soutenus par les médias. La preuve, lorsqu’on organise des manifestations, souvent ils ont du mal à venir au prétexte que ça n’en vaut pas la peine ». De ce fait, il en ressort que les écrivains Gabonais semblent porter le sentiment d’un manque de visibilité sur les différentes et nombreuses plateformes médiatiques gabonaises. Ce qui constitue considérablement une entrave à la valorisation de la littérature gabonaise.

 

En outre, il faut également noter que certains auteurs Gabonais arrivent à décrocher certains prix littéraires ou à figurer au sein des listes de nominations. Ces démarcations sont des moments de distinctions notables pour la littérature Gabonaise qui en ressort en conséquence, valorisée. Des auteurs Gabonais contemporains tels que Janis Otsiemi remporta le prix Dora Suarez en 2017 pour son polar « Les voleurs de sexe », le prix du premier roman francophone attribué par l’UGECF, le prix du premier roman gabonais pour son polar « La vie est un sale boulot », remporté en 2010.

De plus, ce dernier fut nominé au Grand prix littéraire de l’Afrique noire en 2012. Mais également, Charline Effah, qui avec son roman « N’être » se trouvait dans la sélection 2016 du prix Soroptimist de la romancière francophone ; ou encore Bessora, lauréate du prix Fénéon 2001.


Par ailleurs, lorsque la collection Continents Noirs fut créée par Gallimard en 2000, la romancière Justine Mintsa faisait partie des premiers auteurs publiés au sein de cette collection grâce à son roman « Histoire d’Awu ».


Cependant, le nombre d’écrivains Gabonais remportant des prix sur le plan national ou
international demeure encore limité. Sur le plan local, une anomalie semble persister, sur ce point encore aujourd’hui. Il s’agit de la raréfaction des prix littéraires organisés au Gabon, et ce, de manière récurrente.


Le professeur Hemery Sima Eyi soulignait à ce propos « s’agissant des prix littéraires, il y avait à l’époque un prix PDG des lettres lors des évènements du 12 mars. Cela s’inscrivait dans le cadre des activités d’un parti politique. Il y a encore le prix BICIG qui existe toujours d’ailleurs. Ce sont les seuls prix que nous avons au niveau national » (8).


Cela témoigne de l’absence d’une véritable culture du prix littéraire au Gabon qui constitue également un manque de visibilité et de valorisation pour la littérature gabonaise. Rabaissant inévitablement l’attractivité du secteur livre, ce manque de lumières sur les lettres gabonaises n’expliquerait-il pas, dans une certaine mesure, le désintérêt souvent décrié d’une partie considérable de la population gabonaise envers sa littérature ?

Une accessibilité encore limitée : Le défaut d’infrastructures et d’accompagnements des acteurs locaux du livre

En général, l’accessibilité à la littérature, et plus précisément à la littérature gabonaise est une véritable problématique au Gabon. En effet, on constate une insuffisance notable
d’infrastructures et d’espaces culturels favorisant l’accès à la littérature.


Dans la capitale Libreville déjà, le décompte du nombre de librairies et de bibliothèques reflète une situation en la matière pour le moins préoccupante. Hormis la traditionnelle « Maison de la presse », située au quartier Glass, la librairie MAGALI, la fondation RAPONDA WALKER, et éventuellement le Centre Culturel Français (CCF) devenu Institut Français, difficile de recenser une dizaine de librairies ou de bibliothèques à l’échelle du pays.


Sur cette question, précisant qu’il s’agit d’une préoccupation qui relève de « la sociologie de la littérature » (9), le spécialiste de littérature gabonaise et critique littéraire, le professeur Sima Eyi souligne que « les réalités de la littérature gabonaise sont lesquelles ? Si une œuvre gabonaise est au programme, la première difficulté se trouve dans le fait de trouver l’existence physique de cette œuvre. Par exemple : si on choisit « la mouche et la glue » d’Okoumba Nkoghe, où allez-vous trouver cette œuvre ? Maintenant quand elle existe, l’œuvre gabonaise, quel que soit le titre, est-elle accessible au commun des élèves ? car moi-même qui suis dans les livres, je suis dans les quelques librairies que nous avons, nous n’en avons pas beaucoup. Peut-être deux ou trois ».

 

Par voie de conséquence, ce manque criant d’infrastructures, de promotions, de ventes, de partage et d’expositions de la littérature que sont les librairies et les bibliothèques contribue indéniablement à freiner l’accessibilité aux livres et ce, non seulement aux livres de littérature étrangère mais surtout gabonaise.


Notons que les bibliothèques, en tant que voies d’accès au savoir et à la culture occupent une place déterminante dans la société. Leurs ressources et services procurent en effet des possibilités d’apprentissage, favorisent l’alphabétisation et l’éducation et contribuent à former les nouvelles idées et perspectives à la base des sociétés créatives et innovantes. Les bibliothèques contribuent également à garantir un enregistrement authentique des connaissances acquises et accumulées par les générations passées. Dans un monde dépourvu de bibliothèques, il serait difficile de faire progresser la recherche et le savoir ou de préserver pour les générations futures les connaissances et le patrimoine accumulés par l’humanité. (10)


Dès lors, une interrogation légitime peut surgir, le Gabon peut-il promouvoir et partager
durablement la culture gabonaise, accéder au savoir, stimuler l’imagination et l’esprit de
créativité, l’ouverture au monde, sans une présence accrue de bibliothèques et de librairies sur son territoire ?

 

De plus, il existerait une nécessité à reconnaitre une réalité selon laquelle « les Gabonais ne lisent pas » (11). Cependant, si cette réalité est avérée, on peut en contrepartie aisément soutenir cette autre réalité face à laquelle cette même population est confrontée. Celle de l’insuffisance d’espaces d’accueils permettant de faciliter l’accès à la littérature et notamment, sa littérature. Autrement dit, pour qu’une population puisse avoir la capacité d’accroitre son temps de lecture, il faudrait qu’elle ait régulièrement accès à des lieux lui permettant d’acheter ou, pour le moins, d’emprunter un livre.


L’appétence d’une population envers sa littérature et la lecture ne dépendrait-elle pas également d’une présence accrue de librairies et de bibliothèques dans son espace vital ? Sachant que le citoyen, en tant que potentiel lecteur est aussi concerné par la valorisation de la littérature gabonaise, il serait difficile pour ce dernier de le faire s’il rencontre des difficultés d’accès à des librairies ou des bibliothèques dans son quartier ou sa ville.


Ici, on peut aisément percevoir le lien indéfectible entre valorisation de la littérature et
accessibilité à la littérature. A titre illustratif, si dans une ville, il existe quantitativement plus de débits de boissons que de bibliothèques, il est fort probable que le résultat soit de se retrouver avec des personnes consommatrices de boissons en supériorité numérique. A l’inverse, et à n’en point douter, l’augmentation de bibliothèques dans une ville aurait mécaniquement pour effet d’augmenter le nombre de lecteurs. Et ainsi accroitre l’accès et l’attrait envers la littérature.

 

Par ailleurs, un autre volet influe considérablement sur l’accessibilité des œuvres gabonaises. C’est celui du prix. En ce sens, le professeur Sima Eyi poursuit, « Ces livres-là, lorsque vous prenez un classique africain qui est peut-être à trois mille francs c’est à la portée de tout le monde. Le livre gabonais en moyenne vaut 7500, 8000 ». Le prix du livre constitue un sujet majeur lorsqu’il faut évoquer l’accessibilité à la littérature.


En effet, lorsqu’un livre est produit par un auteur, toute la problématique de sa distribution se pose ensuite. La considération du livre comme étant un produit culturel essentiel et indispensable à la société doit permettre à ce que toute personne puisse avoir les moyens d’accéder à ce produit. C’est la raison pour laquelle, le prix du livre s’inscrit dans l’instauration de politiques culturelles adaptées, et plus précisément de politiques de soutien à l’économie du livre qui tiennent compte de ce levier important.


Dans cette optique, de nombreux pays ont instauré la politique du « prix unique du livre ». (12) Elle constitue une forme de contrôle vertical du prix de vente de détail des livres par l’éditeur.

 

En fonction des pays, elle prend la forme d’une disposition législative ou d’un accord de cartel officiellement admis par les autorités compétentes. (13)


Cette politique a essentiellement pour but de garantir l’égalité des citoyens devant le Livre, qui sera commercialisé au même prix sur tout le territoire national. Se faisant, cette loi impose aux éditeurs ou importateurs de livres de fixer un prix de vente au public. Les détaillants doivent pratiquer un prix effectif de vente au public compris entre 95% et 100% du prix fixé par l’éditeur ou l’importateur. (13) Elle poursuit également des objectifs très importants, comme c’est le cas en France avec la Loi LANG (14) relative au prix du livre, le maintien d’un réseau décentralisé très dense de distribution, notamment dans les zones défavorisées.


De ce fait, la mise en place de mesures équivalentes au Gabon pourrait contribuer à améliorer l’accès à la littérature gabonaise et faire du Livre gabonais un produit culturel à forte consommation. Plus globalement, cela ne va pas sans le soutien aux acteurs locaux qui font l’économie du livre au Gabon que sont les éditeurs, les librairies, les auteurs, les associations intéressées…car tous constituent le maillon d’une chaine importante pour la valorisation et l’accessibilité de la littérature.


En effet, au Gabon il existe l’Union des écrivains Gabonais (UDEG) qui est une association
regroupant un grand nombre d’écrivains et écrivaines gabonaise.e.s. A ce sujet, le Professeur sima Eyi souligne que : « j’ai été Vice-président de l’UDEG. L’UDEG ne reçoit pas de financement et d’accompagnement de l’Etat ».


Ce constat fait écho au rôle important que doivent jouer les acteurs institutionnels dans
l’accompagnement des acteurs locaux du livre, tels que l’Etat et ses démembrements. Par exemple, on peut évoquer le rôle du Ministère de la Culture et des Arts, à travers la nécessité de consacrer dans ses finances, un véritable budget dédié au renforcement de l’économie du livre et de la littérature gabonaise. Si tel est le cas, force est de constater que les sommes réelles allouées aux livres et à la littérature gabonaise demeurent dans une certaine opacité. (15)


Or, pour favoriser une accessibilité à la littérature pour indéniablement participer à une
valorisation de la littérature à plusieurs échelles, l’investissement des acteurs institutionnels compétents en la matière est capital.


En France par exemple, il existe un centre national du livre (CNL) qui est un Etablissement public à caractère administratif placé sous la tutelle du Ministère de la Culture. Ce Centre a pour mission de favoriser la création, l’édition, la diffusion et la promotion des œuvres littéraires ou scientifiques les plus qualitatives, à travers des actions de soutien aux professionnels de la chaine du livre, qu’il s’agisse d’auteurs, de traducteurs, d’éditeurs, de libraires, de bibliothécaires, d’organisateurs de manifestations littéraires ou de structures d’accompagnement ou de valorisation du secteur du livre.


Ces actions de soutien répondent à un double objectif, à la fois culturel et économique.
Culturel, par un soutien à la création littéraire et à la diffusion des œuvres auprès du public ; économique, par un soutien à la prise de risque intrinsèque aux choix des acteurs de la chaine du livre, notamment en matière de création et de diffusion culturelle la plus large.

 

Par ailleurs, le CNL est aussi un lieu d’échanges entre les professionnels du livre, ce qui lui confère une place particulière au cœur du secteur. 16 En 2019, 19 millions d’euros ont été attribués au titre des aides (subventions et prêts) selon le rapport d’activité du CNL. Les éditeurs restent les plus aidés par le centre, avec 5,55 millions d’euros, devant les libraires (4,06 millions), les auteurs et traducteurs (3,37 millions), les organisateurs de manifestations littéraires (2,66 millions), l’accompagnement et la valorisation du livre (2,03 millions), les revues (840.000 euros) et enfin les bibliothèques (490.000 euros).


A travers les investissements fournis par l’un des pays admirés pour la force de sa littérature, l’on perçoit aisément que l’état d’une valorisation et de l’accessibilité à la littérature passe foncièrement par une forme de structuration politico-juridique, institutionnelle et financière.

 

(1) Dans son article « qu’est- ce que la littérature gabonaise ? » Brice LEVY KOUMBA souligne que : « Comme nous le montre Blanchot, la littérature est ce qui se trouve dans les œuvres. Cependant elle n’est dans aucune œuvre, le désœuvrement est l’essence de la littérature. La littérature, nous dit Derrida, n’est que fonctionnelle. Elle n’existe pas à la base, au sens où elle est par principe indéterminée. C’est la détermination que l’on fait prendre à une somme de productions langagières qui fait dire d’elles qu’elles sont littéraires ou pas. Il n’y a de littérature que fonctionnelle. Par exemple, les études littéraires françaises incluent dans cette dernière expression, presque l’ensemble des textes écrits des époques antérieures et contemporaines. Il devient de plus en plus fréquent de rencontrer que des récits de voyages, des performances épistolaires, et voire même que la
vie des hommes de lettres ou pas, soit étudiée comme étant des manifestations littéraires. La littérature est un terme vide dépourvu de contenu. Son contenu dépend de ce que l’on veut bien y mettre. Elle peut être entendue au sens large ou au sens restreint. Et la définition de la littérature est souvent, outre sa fonctionnalité, propre au temps, au milieu, à la race, mais aussi propre aux trois catégories que sont l’écrivain, le texte, et le lecteur ». (briska.unblog.fr)


(2) Brice LEVY KOUMBA, « qu’est- ce que la littérature gabonaise ? ».


(3) Hémery-Hervais Sima Eyi, « la vie littéraire au Gabon : Ses acteurs institutionnels, ses instances de médiation et de légitimation et ses enjeux », Ed Symphonia.

 

(4) Cf note 1.

 

(5) https:// Wikipédia.org, Littérature africaine.

 

(6) Hémery-Hervais Sima Eyi enseignant chercheur au département de Littératures africaines de l’université Omar Bongo, directeur du centre d’études en littérature gabonaise (CELIG), propos tiré de l’article portant sur « la littérature gabonaise : parcours général et évolution » paru dans Hispanitas, revue d’études afro-hispaniques. 2e année. N2. Novembre 2006. Libreville, 2006, 269 pages.


(7) « Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe » disait Jules Renard auteur français du XIXe siècle.

 

(8) Interview réalisée dans le cadre de l’émission « Le livre de l’auteur ».

 

(9) Voir note 3.


(10) Ben white, chef de service de la propriété intellectuelle, British Library, « Garantir l’accès au savoir : le rôle des bibliothèques », OMPI Magazine.

 

(11) Honorine Ngou, écrivaine, libraire et professeur, sur la première chaine de télévision, lors d’une séquence intitulée : la littérature quel intérêt ? déclarait « De façon générale, le gabonais ne lie pas. Je dois d’abord dire que j’ai fait cette affirmation qui peut paraitre désobligeante, qui peut paraitre insultante mais qui est bien réelle. Pourquoi ? Parce que on constate une chose, les gabonais possèdent des livres. Il y a des Gabonais qui prennent des crédits pour avoir des encyclopédies, mais on constate que ces livres ne sont souvent pas considérés comme des outils de connaissance mais comme des outils d’ornements. Ils font
partie du décor. Ils sont à portée du regard mais pas à portée de main. C’est la raison pour laquelle je me suis permis de dire que le Gabonais ne lit pas. Dans les espaces publics on voit des gabonais avec des journaux, mais on voit rarement des Gabonais et Gabonaises avec des ouvrages ». source : lien Vidéo, https:// youtu.be/zj-OZgHeBHg

 

(12) En 2018, 14 pays, principalement européens, avaient mis en place une mesure de prix du livre (Liste non exhaustive : Mexique , Japon, Pays Bas, France, Allemagne, Italie Espagne Grèce, Corée du Sud, Argentine…..) Les débats sont en ce moment ouverts dans plusieurs pays sont le Brésil et Israël.


(13) Fr.m.wikipédia.org Prix unique du livre.

 

(13) Sauf quelques exceptions, qui sont les ventes à certaines personnes morales et collectivités, plafonnées à 9%, les ventes de livres scolaires aux associations de parents d’élèves et aux établissements scolaires et les ventes sur les livres édités ou importés depuis plus de deux ans, et dont le dernier approvisionnement remonte à plus de six mois.

 

(14) Il s’agit de la Loi LANG, loi n81-766 du 10 Aout 1981 modifiée relative au prix du livre. Dans la terminologie anglosaxone, on le désigne soit par Net Book Price Agreement, en référence à l’accord interprofessionnel aboli au Royaume-Uni en 1995, soit, plus fréquemment, Par Fixed Book Price.


(15) Culture.gouv.ga

 

(16) Rapport d’activité 2019, centre national du livre.